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Perspectives Séculaires

L’économie d’après chocs

Les marchés seront probablement plus volatils lorsque l'économie mondiale sortira d'une période de soutien budgétaire et monétaire massif. Dans cette ère de l'après politique monétaire accommodante, les rendements attrayants des obligations de qualité supérieure encouragent une approche plus résiliente de l'investissement.

Principales conclusions

Les premières années de la décennie 2020 ont été marquées par un certain nombre de disruptions économiques, financières et géopolitiques sévères à l'échelle mondiale, dont les répercussions ultimes mettront du temps à se faire pleinement sentir. Lors du dernier Forum séculaire de PIMCO, nous avons discuté de la manière dont la récente dynamique cyclique à court terme est susceptible d'avoir des conséquences séculaires à plus long terme.

L'économie mondiale sort d'une période d'interventions budgétaires et monétaires massives, qui a peu de chances de se répéter à l'horizon séculaire. Après la flambée de l'inflation mondiale au lendemain de la pandémie, les responsables des banques centrales se font à l'idée que les politiques monétaires non conventionnelles comportent aussi bien des coûts que des avantages, tandis que l'envolée des dettes souveraines limitera probablement la capacité budgétaire à faire face à de futures récessions.

L'ère des mesures d'atténuation de la volatilité étant probablement révolue, les marchés sont sans doute voués à une période d'agitation accrue, avec un éventail exceptionnellement large de répliques potentielles. Nous pensons que les risques pour la croissance mondiale sont orientés à la baisse sur notre horizon séculaire de cinq ans, et que cette nouvelle ère devrait être caractérisée par une différenciation plus marquée des rendements des différentes classes d'actifs.

Les banques centrales maintiendront selon nous leurs objectifs d'inflation actuels et donneront la priorité à l'ancrage des anticipations d'inflation à long terme à ces niveaux cibles. Nous pensons également que les taux directeurs neutres réels à long terme se maintiendront dans une fourchette de 0 à 1 % au sein des économies avancées. Avec l'augmentation de la dette publique et le possible retour d'une prime liée au risque d'inflation, nous anticipons une pentification de la courbe des taux, les investisseurs exigeant une rémunération plus conséquente sur les obligations à long terme à l'horizon séculaire.

Nos prévisions de taux neutres bas et d'un retour à une inflation proche de l'objectif confortent nos perspectives positives pour les titres obligataires de base et de qualité. Après avoir fortement augmenté l'an dernier, les niveaux de rendement initiaux - historiquement fortement corrélés aux rendements futurs - des obligations de qualité sont proches des moyennes à long terme des rendements des actions, avec potentiellement une volatilité nettement moindre et une meilleure protection contre les baisses que ces dernières. Cela pourrait aider les investisseurs à construire des portefeuilles prudents et résilients sans pour autant renoncer à leur potentiel haussier. Nous privilégions les investissements de qualité et plus liquides et demeurons prudents à l'égard des segments plus sensibles à la conjoncture. À terme, nous voyons des opportunités de plus en plus attrayantes dans les actifs non cotés, en particulier à la lumière de l'évolution du paysage bancaire.

Une nouvelle ère de tensions géopolitiques entre une superpuissance établie et un rival émergent aura probablement des répercussions économiques à l'échelle planétaire. Nous continuons de penser que le dollar américain conservera son statut de monnaie mondiale dominante, malgré le creusement du fossé budgétaire et l'endettement croissant des États-Unis, mais qu'il existe des opportunités d'investissement ailleurs.

Thème séculaire : l’économie d’après chocs

Les perturbations permanentes - de l'ordre économique et financier mondial, des équilibres géopolitiques, de l'ampleur et de la portée des interventions politiques des gouvernements - ont marqué les trois premières années de cette décennie et demeureront, à nos yeux, une nouvelle réalité avec laquelle les investisseurs devront composer au cours des cinq prochaines années. Il s'agit là d'une tendance que nous avons observée dans les récentes Perspectives séculaires de PIMCO et que nous avons revisitée lors de notre dernier Forum séculaire annuel en mai.

Dans le cadre de notre thèse séculaire de l'an dernier, intitulée « En quête de résilience », nous affirmions que dans un monde plus fracturé, les gouvernements et les entreprises privilégieraient de plus en plus la sécurité plutôt que l'efficacité économique à court terme. Nous avions identifié des pressions inflationnistes potentielles à l'heure où les entreprises délocalisent leurs chaînes d'approvisionnement et où les gouvernements accroissent leurs dépenses dans les domaines de l'énergie et de la défense nationale.

Si cette thèse reste globalement valable, nos perspectives pour les cinq prochaines années doivent intégrer et évaluer un certain nombre d'évolutions majeures survenues depuis notre forum de mai 2022, parmi lesquelles :

  • le durcissement des politiques monétaires en réponse à la plus forte hausse continue de l'inflation mondiale depuis 40 ans ;
  • un débat sur l'orientation des taux d'une politique monétaire neutre une fois que (ou si) les banques centrales ramènent l'inflation aux niveaux cibles ;
  • trois des plus grandes faillites bancaires de l'histoire des États-Unis et l'effondrement de Crédit Suisse en Europe ;
  • l'adoption d'un ambitieux triptyque budgétaire aux États-Unis - Infrastructure Investment and Jobs Act, Inflation Reduction Act et CHIPS and Science Act - en appui d'une politique industrielle américaine nouvellement affirmée, censé donner un coup de pouce cyclique et séculaire à mesure que les fonds seront injectés dans l'économie ;
  • des signaux contradictoires sur l'orientation économique et géopolitique de la Chine dans le cadre du « troisième acte » du président Xi Jinping.

Nos perspectives séculaires s'appuient également sur nos dernières Perspectives cycliques, « Des marchés fracturés dans un contexte obligataire solide », qui préfiguraient de légères récessions sur les marchés développés, le resserrement des conditions de crédit attisant les risques baissiers. Selon nous, les principales banques centrales sont sur le point de mettre fin à leur cycle de hausse des taux, bien qu'il ne soit pas encore question d'une normalisation ou d'un assouplissement de leur politique, tandis que les réponses budgétaires futures pourraient être freinées par des niveaux d'endettement élevés et l'impact des mesures de relance post-pandémiques sur l'inflation.

Dans ce contexte de perturbations permanentes et multiples, les dynamiques cycliques à court terme ont des conséquences séculaires plus durables, ouvrant la voie à ce que nous appelons « l’économie d’après chocs ». Nous dévoilons, dans cet article, les principales implications en matière d'économie et d'investissement que nous avons tirées de notre Forum séculaire 2023.

La volatilité macroéconomique et les tensions géopolitiques devraient persister

Il convient de rappeler à quel point les trois premières années de cette décennie ont été inhabituelles par rapport aux années 2010.

Le monde a été confronté à une pandémie unique en son genre, à laquelle les autorités ont réagi en bloquant et en fermant des pans entiers de l'économie mondiale et en mettant en place des mesures de relance monétaire et budgétaire massives. Avec le temps, ces mesures de relance, ainsi que les coûts associés à la réouverture de l'économie mondiale et au rétablissement des chaînes d'approvisionnement, ont alimenté la plus forte hausse continue de l'inflation mondiale depuis 40 ans. Les banques centrales ont finalement réagi en instaurant le cycle de hausse des taux le plus agressif depuis des décennies, avec notamment pour conséquences une débâcle des marchés financiers en 2022, une crise bancaire, un resserrement des conditions du crédit et des prévisions généralisées d'une récession cette année ou l'année prochaine (voir Figure 1).

Ces événements auront probablement des répercussions dans les années à venir. Nous tablons sur des cycles économiques plus fréquents et plus volatils, où les possibilités pour les gouvernements de déployer une politique budgétaire contracyclique seront moindres, et les banques centrales moins disposées à préconiser des mesures d'assouplissement quantitatif (QE) illimité.

Nous nous attendons à ce que les contraintes au niveau de l'offre - et pas uniquement les baisses de la demande - ainsi que les mutations durables du marché du travail consécutives à la pandémie deviennent d'importantes sources de fluctuations économiques et continuent d'exercer une pression à la hausse sur les niveaux de prix mondiaux.

Si nous partageons largement le point de vue selon lequel la croissance mondiale moyenne sur notre horizon séculaire sera décevante par rapport à la période précédant la pandémie, nous pensons également que les risques pour la croissance sont nettement orientés à la baisse. Les raisons en sont notamment le risque d'un resserrement plus marqué et plus persistant des conditions financières mondiales en raison des récentes turbulences du système bancaire et de la réponse politique qui y a été apportée, des effets de contraction plus marqués des hausses synchronisées des taux des banques centrales, d'une éventuelle escalade de la guerre en Ukraine, d'un ralentissement potentiel de la reprise économique en Chine et du risque croissant d'une confrontation entre les États-Unis et la Chine au sujet de Taïwan.

Notre forum incluait des présentations sur les trajectoires potentielles des taux d'intérêt neutres réels et nominaux et sur l'orientation donnée aux objectifs d'inflation des banques centrales au cours des cinq prochaines années. Nous pensons que les taux directeurs neutres réels à long terme dans les économies avancées resteront ancrés à l'horizon séculaire dans la fourchette de Nouvelle neutralité de 0 % à 1 % en raison des puissantes tendances à long terme que sont le vieillissement démographique et l'atonie de la croissance de la productivité.

Les relations entre les États-Unis et la Chine devraient continuer à dicter la dynamique géopolitique, et nous sommes peut-être déjà entrés dans la « deuxième guerre froide », comme l'a suggéré l'historien Niall Ferguson - l'un des orateurs invités au forum - avec des implications pour les pays du monde entier à mesure que se réajustent les alliances et relations commerciales. Cela dit, les tendances en ce qui concerne le commerce et l'investissement à l'échelle planétaire devraient selon nous être davantage déterminées par la « réduction des risques » que par le « découplage ». Les chaînes d'approvisionnement ne sont pas fondamentalement découplées ; elles sont pour la plupart en train d'être recouplées au niveau mondial dans le sens d'une « délocalisation amicale », une tendance qui est déjà en cours, du moins aux États-Unis.

Contraintes et lassitude pour les décideurs politiques

Malgré la poussée de l'inflation mondiale après la pandémie, nous pensons que les banques centrales feront le nécessaire pour maintenir les attentes d'inflation à long terme ancrées dans leurs objectifs d'inflation existants. Nous ne nous attendons pas à ce que les banques centrales des marchés développés modifient formellement leurs objectifs, mais nous pensons que celles qui visent 2 % seront disposées à tolérer une inflation de « 2 points quelque chose » dans le cadre d'une stratégie de « désinflation opportuniste », dans laquelle elles s'attendent à ce qu'une panne de la demande globale au cours d'une future récession fasse retomber l'inflation à l'objectif fixé. Par rapport à notre scénario de base, nous pensons que les risques d'inflation sont orientés à la hausse.

En ce qui concerne les outils politiques, nous pensons qu'au cours des cinq prochaines années, compte tenu des niveaux astronomiques actuels de la dette souveraine par rapport au PIB (voir Figure 2), la marge de manœuvre budgétaire sera plus limitée que par le passé - que ce soit par la politique ou les marchés financiers - et limitera la capacité de la politique budgétaire à atténuer les futurs ralentissements économiques.

Figure 2 : Le ratio de la dette américaine par rapport au PIB devrait augmenter considérablement à long terme

Figure 2

Source : Données et projections du Congressional Budget Office (CBO) des États-Unis à février 2023

Nous pensons également que les banquiers centraux de la planète pourraient commencer à souffrir d'une certaine forme de lassitude vis-à-vis de l'assouplissement quantitatif. Pour la première fois depuis des décennies, une inflation élevée et persistante met en évidence le fait que, comme pour toute décision économique, l'assouplissement quantitatif et les largesses budgétaires peuvent avoir des coûts et des avantages.

Cela pourrait avoir des implications en termes de politiques futures, car les recettes qui ont fonctionné au cours des 15 dernières années pourraient perdre en pertinence. Et dans un monde marqué par la lassitude vis-à-vis de l'assouplissement quantitatif et par des capacités budgétaires limitées, une perturbation cyclique pourrait devenir plus séculaire.

La marge de manœuvre pour déployer une politique budgétaire traditionnelle étant réduite, les gouvernements pourraient, au fil du temps, se tourner davantage vers des interventions réglementaires. Cela devrait donner lieu à des gagnants et des perdants dans les secteurs concernés, tout en offrant des opportunités aux gestionnaires d'actifs dynamiques.

À la lumière de l'effondrement de Credit Suisse, ainsi que des faillites et des sauvetages de la Silicon Valley Bank, de la Signature Bank et de la First Republic Bank, nous pensons que les appels renouvelés à repenser et à redéfinir l'architecture financière au sein de laquelle les banques opèrent vont enfin gagner du terrain.

Cela passera, aux États-Unis du moins, par une réglementation plus stricte qui exigera des banques qu'elles disposent de davantage de capital et de liquidités. La capacité d'intermédiation des banques en matière de liquidités se réduira probablement encore, et certaines activités traditionnelles seront probablement transférées vers les marchés non cotés et les prêts non bancaires. Nous voyons une opportunité d'intervenir en tant que prêteur principal dans des domaines autrefois occupés par les banques régionales, tels que le crédit à la consommation, le crédit hypothécaire et diverses formes de financement sur actif.

Les risques de perturbations et de répliques sont nombreux

Les discussions qui ont eu lieu dans le cadre de ce forum ont permis d'étayer les perspectives générales décrites ci-dessus, mais elles ont également mis en évidence l'éventail remarquable de répliques qui pourraient se produire à l'horizon séculaire.

Les résultats des élections de 2024 pour la Maison-Blanche et le contrôle du Congrès pourraient avoir des implications majeures en termes de politique budgétaire et monétaire des États-Unis, ainsi que de politique étrangère. Cela signifie qu'il y aura probablement encore plus de pressions en faveur d'une ligne dure vis-à-vis de la Chine, quel que soit le locataire de la Maison-Blanche en 2025.

De même, l'élection présidentielle de janvier 2024 à Taïwan pourrait s'avérer déterminante pour les relations entre les États-Unis et la Chine, alors que ces deux pays s'orientent vers une rivalité structurelle et que la Chine s'affirme de plus en plus en Asie. Si le Kuomintang (KMT), aligné sur le continent, bat le Parti démocrate progressiste (DPP), plus favorable à l'indépendance, le risque séculaire d'affrontement à propos de Taïwan pourrait s'apaiser.

Même si le conflit militaire ne s'aggrave pas, la rivalité entre les États-Unis et la Chine risque de s'intensifier considérablement sur d'autres fronts. Les implications économiques pourraient inclure des hausses de la demande et des chocs de l'offre, de nouveaux changements dans le paysage commercial mondial avec des relocalisations dans des pays proches, des délocalisations amicales et la duplication des chaînes d'approvisionnement, et même la Chine qui pourrait reconsidérer ses avoirs en bons du Trésor américain. En attendant, un décret américain sur les sorties de capitaux est probablement le début, et non la fin, d'un renforcement des restrictions sur les flux de capitaux, en plus de ce qui a déjà été observé en matière de contrôle des exportations.

Des risques pèsent sur les perspectives d'inflation, tant aux États-Unis qu'à l'échelle mondiale. S'il ne s'agit pas de notre scénario de base, il se peut que l'inflation américaine reste plus persistante que prévu et ne descende pas sous les 4 % à moyen terme, ou qu'elle reste plus proche de 3 % à l'horizon séculaire.

Des incertitudes subsistent quant aux réponses apportées aux pressions inflationnistes par les marchés émergents (ME) et les marchés développés (DM). Il existe également des incertitudes quant aux effets à long terme de la forte inflation réalisée sur les prévisions d'inflation, compte tenu de la hausse persistante de l'inflation à des niveaux jamais atteints depuis des décennies.

Les banques centrales pourraient continuer à relever le défi d'équilibrer les objectifs politiques contradictoires que sont le maintien de la croissance, la réduction de l'inflation et la minimisation de l'instabilité financière, tout en démontrant qu'elles ont tiré les leçons des années 2020, marquées par une inflation galopante. La possibilité d'une adoption généralisée de monnaies numériques de banque centrale (MNBC) ou de monnaies stables fournies par le secteur privé pourrait également venir bousculer l'ordre financier mondial et - bien que cela soit peu probable à l'horizon séculaire - remettre en question la position dominante du dollar américain dans le monde.

Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'Europe en particulier a été confrontée à des chocs au niveau de l'offre et de la demande d'énergie qui ont fait de la sécurité et de l'indépendance énergétiques des objectifs prioritaires. Cela pourrait obliger certains pays à investir davantage dans les sources d'énergie et à accélérer la transition écologique, ce qui pourrait renforcer les pressions inflationnistes.

L'adoption à grande échelle de grands modèles linguistiques d'IA demeure une grande inconnue.

L'adoption accélérée de grands modèles linguistiques d'intelligence artificielle (IA) est une inconnue majeure. À l'horizon séculaire, elle pourrait avoir une influence positive considérable sur la croissance de la productivité, ce qui pourrait exercer une pression à la baisse sur l'inflation et une pression à la hausse sur les taux d'intérêt réels. Cette influence pourrait se manifester dans des domaines tels que la conduite autonome, la réduction des coûts de transfert pour les consommateurs et une meilleure circulation de l'information. L'IA pourrait également accroître la durée de vie humaine, par exemple en accélérant les percées médicales, telles que le traitement de cancers par immunothérapie grâce aux nanotechnologies.

Les progrès rapides et récents de l'IA comportent également des risques importants, notamment la propagation accrue de la désinformation via les médias sociaux et le risque de cyberattaques. En outre, l'IA a le potentiel, même à l'horizon séculaire, d'aggraver les tendances en matière d'inégalité de revenus et de contribuer à une plus grande polarisation politique et au populisme.

Implications en termes d'investissement : la résilience paie

L'ère de l'assouplissement quantitatif, des taux proches de zéro et de la suppression de la volatilité par les banques centrales semblant révolue, nous privilégions les investissements de qualité et plus liquides sur notre horizon séculaire et restons prudents à l'égard des secteurs économiquement plus sensibles. Nous sommes convaincus que les rendements des actifs afficheront une différenciation plus marquée dans cette nouvelle ère de l’économie d’après chocs.

Revenu fixe

Sur la base des niveaux de rendement initiaux actuels - historiquement fortement corrélés aux rendements futurs - les obligations de qualité sont susceptibles d'offrir un potentiel de rendement à long terme similaire à celui des actions, avec une volatilité nettement moindre et une plus grande protection contre les baisses que ces dernières. Nous pensons que les marchés obligataires intègrent la volatilité attendue dans les cours, différemment des marchés actions. En outre, convaincus que les banques centrales voudront garantir leur crédibilité en matière de stabilité des prix, nous considérons les obligations comme une protection contre le risque liés aux actions dans le cadre d'un portefeuille diversifié.

La dette publique américaine dépassant 100 % du PIB, et avec le retour possible d'une prime liée au risque d'inflation, la prime de terme sur les bons du Trésor américain est sans doute vouée à augmenter et pourrait constituer un facteur de pentification de la courbe des taux (voir Figure 3). Cette courbe est aujourd'hui inversée, mais nous pensons que les investisseurs finiront par exiger davantage de rendement pour les obligations à moyen et long terme, compte tenu des incertitudes croissantes en matière d'inflation. Avec à la clé un attrait supplémentaire pour les obligations.

Figure 3 : La prime de terme sur les bons du Trésor américain à 10 ans reste élevée et est vouée à augmenter

Figure 3

SOURCE : Enquête de la Réserve fédérale de New York auprès des spécialistes en valeurs du Trésor de mars 2023. La prime de terme est définie comme la compensation que les investisseurs exigent pour supporter le risque que les taux d'intérêt puissent changer pendant la durée de vie de l'obligation.

La crise des LDI (liability-driven investments) au Royaume-Uni l'an dernier a rappelé que les inquiétudes concernant la stabilité budgétaire peuvent toucher les principaux pays développés battant leur propre monnaie, ainsi que la zone euro et les marchés émergents. Les valorisations ne suggèrent pas un niveau élevé d'inquiétudes quant à la stabilité budgétaire à long terme, mais l'exemple du Royaume-Uni pourrait constituer un signal d'avertissement concernant les problématiques budgétaires à long terme.

Entretemps, la zone euro a surmonté une série de perturbations et de tests de résistance avec un succès relatif, si l'on en juge par la stabilité de ses marchés de la dette souveraine par rapport aux crises à répétition d'il y a dix ans. Cela reflète en partie le rôle de la Banque centrale européenne et un ensemble plus cohérent d'outils budgétaires pour faire face aux chocs macroéconomiques.

Il sera toutefois important de continuer à distinguer les gagnants des perdants dans un contexte d'incertitudes persistantes à l'égard du secteur bancaire. Nous avons une préférence pour les titres financiers de qualité, tant au niveau des noms individuels que des structures du capital. Le système bancaire de la zone euro a relativement bien résisté aux retombées des turbulences des banques régionales aux États-Unis et aux contrecoups du rachat de Credit Suisse. Mais la zone euro semble encore bien fragile pour faire face à une crise bancaire de grande ampleur, compte tenu des lacunes du cadre existant en matière de résolution et de garantie des dépôts.

Marchés des actifs cotés et non cotés

Nous nous garderons de toute complaisance face aux faibles niveaux de volatilité affichés par de nombreux actifs de crédit privés par rapport aux marchés cotés ces dernières années. Alors que les prix sur les marchés cotés font l'objet d'une revalorisation accélérée, nous nous attendons à une meilleure compensation du risque au niveau des obligations de qualité par rapport à diverses formes de crédit privé sensibles à la conjoncture.

Cela dit, le crédit privé devrait bénéficier des récents changements sismiques intervenus dans le secteur bancaire. Nous pensons qu'il va y avoir beaucoup de bonnes affaires à l'horizon séculaire, tant pour les stratégies de prêts privés performantes que pour les styles d'investissement plus opportunistes.

Au sortir de la crise financière mondiale de 2008-2009, une longue période de taux bas a contraint les investisseurs à se mettre en quête de rendement. Le crédit privé a connu une croissance fulgurante et les normes de souscription se sont assouplies. L'un des contrecoups sera probablement l'augmentation des pertes de crédit dans le secteur, ce qui pourrait engendrer des difficultés pour les actifs existants tout en créant des opportunités à plus long terme.

Une grande partie de la croissance du crédit privé s'est faite sous la forme de prêts privés aux entreprises. Nous en tirons deux conclusions essentielles. Tout d'abord, nous pensons que le stock existant de crédits privés aux entreprises risque de décevoir les investisseurs dans un environnement économique plus difficile. Deuxièmement, nous pensons que les investisseurs peuvent avoir intérêt à diversifier leurs portefeuilles de crédit privé pour y inclure différentes formes de crédit privé performant, y compris le crédit immobilier et le crédit lié aux financements spécialisés.

Les défis auxquels sont confrontés les marchés du crédit aux entreprises et de l'immobilier commercial ouvriront probablement des opportunités d'investissement pour des capitaux privés flexibles, pouvant être investis sur l'ensemble de la structure du capital. Bien que la patience soit de mise, il devrait y avoir des opportunités séduisantes à long terme dans un contexte où l'on passe d'une formation de capital robuste et d'une certaine forme de complaisance à une disponibilité de capital plus limitée et à un fléchissement des fondamentaux.

Devises et marchés émergents

Nous continuons de penser que le dollar américain conservera son statut de monnaie mondiale dominante, malgré le creusement du fossé budgétaire et l'endettement croissant des États-Unis, mais il existe des opportunités d'investissement ailleurs. Le billet vert pourrait voir son utilisation dans le commerce international continuer à perdre du terrain, quoique lentement, à mesure que le système des échanges internationaux se morcelle en blocs régionaux concurrents. Il pourrait s'agir là du signe d'un déclin de l'exception américaine et, potentiellement, celui d'une période prolongée de surperformance des actifs non américains.

Le dollar américain restera selon nous la monnaie mondiale dominante, mais nous voyons aussi des opportunités d'investissement ailleurs.

L'une des conséquences du statut de monnaie de réserve mondiale est que, lorsque le monde est en crise, tout un chacun veut acheter des dollars, ce qui peut entraîner une surévaluation. Le dollar continuera de souffrir de la cyclicité des flux de capitaux et, avec le temps, il pourrait perdre du terrain face à certaines monnaies émergentes, en particulier celles qui sont prêtes à bénéficier des tendances à la relocalisation (onshoring) et à la délocalisation amicale (friend-shoring).

La part des pays émergents dans l'économie mondiale devrait s'accroître au cours des cinq prochaines années dans un contexte plus multipolaire. Les principaux moteurs sont déjà en place et englobent la mondialisation des services, la délocalisation dans un pays proche (nearshoring) et la délocalisation amicale (friend-shoring), la course aux matières premières clés telles que le lithium, le cobalt et les minéraux de terres rares, ainsi que la transition écologique. Cela donnera lieu à un univers émergent plus diversifié qui pourra jouer un rôle de facteur de diversification du risque au sein des portefeuilles mondiaux.

Au cours de cette période séculaire attendue de perturbations et d'ajustements continus, les capacités mondiales de PIMCO nous aident à trouver un équilibre entre des positions résilientes et plus liquides et des investissements privés opportuns, ainsi qu'à trouver de la valeur tant sur les marchés émergents que développés. Nous cherchons à identifier les opportunités de diversification, de valeur relative et de rendement ajusté du risque dans l'univers d'investissement le plus large possible, tout en évitant les concentrations excessives dans des segments plus risqués.

LE PROCESSUS DE FORUM DE PIMCO: Dans les coulisses des forums économiques de PIMCO

Avant que les forums économiques ne deviennent monnaie courante à Wall Street, nos professionnels de l'investissement se réunissaient pour identifier les tendances de l'économie et du marché pour nos clients. Des décennies plus tard, la pierre angulaire de notre processus est plus forte et plus importante que jamais.



Intervenants invités au Forum séculaire 2023

Tim Adams

Président et CEO de l'Institut de la finance internationale

Alejandro Díaz de León

Ancien gouverneur de la Banque du Mexique

Elizabeth Economy

Senior Fellow, Hoover Institution, Université de Stanford ; en congé pour occuper le poste de Conseiller principal pour la Chine, Département américain du commerce

Niall Ferguson

Auteur ; Milbank Family Senior Fellow, Hoover Institution, Université de Stanford ; Senior Faculty Fellow, Belfer Center for Science and International Affairs, Université de Harvard

Kathryn Judge

Professeur de droit (chaire Harvey J. Goldschmid), Faculté de droit de Columbia

Adi Kumar

Senior Partner, à la tête de l'activité Réinvestissement dans les économies, McKinsey & Company

Nancy Lazar

Économiste mondiale en chef, Piper Sandler

Michael Pettis

Professeur de finance, Guanghua School of Management, Université de Pékin ; Senior Fellow, Fondation Carnegie pour la paix internationale

Hélène Rey

Professeur d'économie (chaire Lord Bagri), London Business School

Comité consultatif mondial de PIMCO

Des experts de renommée mondiale en matière économique et politique

À propos de nos forums

PIMCO est un leader mondial de la gestion obligataire active, jouissant d'une expertise de pointe sur les marchés de la dette cotée et non cotée. Notre processus d'investissement se fonde sur nos Forums séculaires et cycliques. Quatre fois par an, nos spécialistes de l'investissement venus du monde entier se réunissent pour débattre de la situation sur les marchés mondiaux et de l'économie mondiale, ainsi que pour identifier les tendances qui auront, selon nous, d'importantes implications en termes d'investissement. Lors de ces échanges nourris, nous appliquons les principes de la science comportementale afin de maximiser l'échange d'idées, de remettre en question nos hypothèses, de contrer les biais cognitifs et de générer des opinions inclusives.

Lors du Forum séculaire, qui se tient une fois par an, nous nous concentrons sur les perspectives des cinq prochaines années, ce qui nous permet de positionner les portefeuilles pour qu'ils profitent des évolutions et des tendances structurelles de l'économie mondiale. Parce que nous pensons que la diversité des idées favorise la performance des investissements, des intervenants prestigieux (économistes lauréats du Prix Nobel, responsables politiques, investisseurs et historiens) sont invités à apporter des perspectives précieuses et pluridimensionnelles à nos débats. Nous bénéficions également de la participation active du Conseil consultatif mondial de PIMCO, une équipe d’experts de renommée mondiale en matière économique et politique.

À l'occasion des Forums cycliques, qui sont organisés trois fois par an, nous nous intéressons aux perspectives des six à douze prochains mois, en analysant les dynamiques économiques des grands pays développés et émergents. Notre objectif est d'identifier les éventuels changements de politique monétaire et budgétaire, de primes de risque ou de valorisations relatives, qui constituent autant d'éléments qui influencent le positionnement des portefeuilles.

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